En aéronautique, l’enveloppe de vol est définie par la vitesse, le facteur de charge et l’altitude de l’avion. Elle représente la zone des conditions dans laquelle un avion peut évoluer en toute sécurité (écoulement normal de l’air sur les surfaces de l’aile et structure de l’avion préservée). Depuis l’apparition des commandes de vol électriques, on a pu voir Airbus présenter la capacité de ses avions à limiter les actions du pilote à une évolution dans cette enveloppe de vol.
Lors de formations et aussi auprès de prospects, j’ai eu plusieurs fois des questions sur le passage de la phase prototypage de solution PLM à la phase d’industrialisation de cette solution. C’était notamment le cas autour des workflows et des cycles de vie. Le but pour les consultants PLM métiers étant de mettre en avant leur valeur ajoutée en réduisant la charge de développement qu’il resterait après leurs travaux pour avoir une solution en production. On m’a demandé si on pouvait utiliser le standard BPMN pour ensuite en automatiser l’implémentation dans une solution PLM. Ce projet serait très intéressant, mais pour ne pas avoir de pertes en route et s’assurer que le processus défini en amont soit bien retrouvé dans le logiciel, il faut que dès le début, le consultant métier connaisse les options technologiques disponibles derrière et se restreigne à proposer quelque chose d’implémentable.
J’ai jeté des centaines de pages de spécifications de systèmes dans ma courte carrière de consultant PLM. J’ai dû dire aux clients que leur démarche n’avait pas été mauvaise mais que leur formalisation était un gâchis car non implémentable.
Du prospectivisme au conflit d’intérêt
Toute personne qui tente de faire du conseil PLM métier sans connaître la technologie disponible aura de grande chance de passer pour un prospectiviste (ce qui pourra être utile pour certains grands groupes qui peuvent investir pour imaginer leur entreprise dans 15 ou 20 ans, ou des entreprises qui savent qu’elles vont devoir développer de manière customisée leur solution PLM). A l’opposé, il est compliqué de connaître toutes les solutions et toutes les technos disponibles et le risque qui point rapidement est d’avoir des consultants qui font des ateliers PLM métiers en vous guidant sur une solution que vous n’avez pas forcément encore sélectionnée mais qui par miracle sera celle qui sera la plus facilement implémentable à la suite des ateliers.
Quelques conseils
- Ne laissez pas le métier définir son architecture logiciel, je l’ai vu dans de grands groupes. On leur apprend à faire de l’UML et à décrire une base de données, ils passent du temps à définir leur solution et à concevoir des brouillons d’interface et pour finir on met 95% du travail à la poubelle, et on laisse les gens rêver à une solution non implémentable.
- Si vous n’avez pas encore choisi de solution, assurez-vous que vos consultants métiers connaissent plusieurs technologies et mesurez le concret de leurs propos. Dans le PLM, on parle beaucoup plus qu’on ne réalise.
- Si vous avez choisi votre solution (peut-être que vous étendez l’utilisation d’une solution existante), assurez vous d’avoir un consultant métier qui connaisse la solution et ses limites.
Une enveloppe Acteurs,Technologie, Budget
Pour revenir au parallèle avec l’aéronautique, l’enveloppe de vol d’un projet PLM va dépendre de vos équipes (leur capacité à évoluer avec l’évolution de leurs métiers), de la technologie disponible, et de votre budget. Cette enveloppe de vol va varier tout au long du projet alors faites en sorte de régulièrement échanger avec les consultants métiers sur cette enveloppe pour éviter toute dérive.
Partager :